Anecdotes A cause d'un accident, il est atteint de prosopagnosie, c'est à dire qu'il n'est pas capable de reconnaître les visages, pas même ceux de ses proches. Il les voit mais n'est pas en mesure de mettre une identité dessus • Tous ses camarades de classe lui ont tourné le dos quand il était adolescent à cause de son propre comportement. Désireux d'être apprécié et populaire, il mentait sur tout même si ce n'était pas ce qu'il pensait réellement. • Aujourd'hui, s'il choisit de mentir, c'est pour lui-même et non plus pour les autres. De plus, il met certaines distances dans ses relations sociales, un moyen comme un autre pour lui de se protéger • Il a vécu dans la capitale jusqu'à sa dernière année de lycée, déménageant ensuite pour Mokpo ; une ville où il séjourna d'abord à l'hôpital avant de pouvoir rentrer chez lui • Il n'est pas proche particulièrement proche de sa mère, cependant il l'est de son père et son petit frère • Il porte des lunettes de repos lorsqu'il doit lire, se concentrer ou tout simplement quand il est fatigué • Il n'est pas maniaque cependant il aime être propre sur lui et que les choses soient bien rangés. Il n'est pas de ceux qui laissent traîner quoi que ce soit n'importe où • Il a déjà eu plusieurs histoires amoureuses mais si certaines se sont plus ou moins bien terminées, d'autres se sont avérées beaucoup plus compliquées

Histoire : La vie était un jeu. Et chaque être humain était des pions qui ne faisaient que lutter pour avancer sur les cases du plateau. C’était ainsi que Jin Woo avait longtemps conçu son existence et probablement qu’à l’heure actuelle, il lui arrivait encore d’y songer. Il avait toujours été ce garçon imprévisible, sociable, un brin arrogant mais particulièrement menteur aussi. Chacun de ses actes, de ses mots, il les adaptait en fonction de la personne avec qui il était et il mentait. Toujours. Peut-être que lui-même avait fini par se perdre dans ses mensonges, dans ce personnage qu’il s’était entêté à créer. Hors, c’était l’unique moyen qu’il avait trouvé pour se protéger, pour être apprécié parce que la solitude était un sentiment qu’il n’avait jamais eu envie de connaître. Si on lui avait demandé pourquoi il se comportait de la sorte, pourquoi ne pas être cent pourcents lui-même et se faire de véritables amis, certainement que pour sa défense, le jeune homme aurait déclaré qu’il s’agissait d’une perte de temps. Les sentiments, que cela soit l’amour ou l’amitié, étaient tous éphémères et ne pas chercher à en créer était plus facile pour se détacher si quelque chose se passait. Dans le fond, probablement qu’il y était un peu attaché à cette vie qu’il avait, qu’il préférait nier le fait que ces gens qui l’entouraient, il les appréciait et que la simple idée de savoir qu’un jour on risquait de lui tourner le dos l’effrayait. Pourtant, il n’avait jamais baissé ce masque de perfection et d’arrogance qui le caractérisait. Tout ce qu’il souhaitait était d’être reconnu et qu’on ne le rejette pas. Certainement que c’était stupide, complètement idiot et qu’il n’avait pas besoin d’aller si loin pour être aimé cependant ça avait été plus fort que lui.

Ce n’était pas comme si rien n’allait à la maison hormis peut-être l’absence de sa mère qui était fréquente à cause des différents voyages qu’elle était contrainte de faire. Jin Woo et elle n’avaient jamais été particulièrement proches toutefois il ne la détestait pas. Probablement qu’il serait plus juste de dire qu’il lui en voulait de ne pas être capable de gérer cette famille qu’elle-même avait souhaité créer et qu’elle fuyait dés qu’elle en avait l’occasion. Ils ne manquaient de rien, ils n’étaient pas les plus riches de la Corée néanmoins ils n’étaient pas les plus pauvres non plus. Ils étaient en mesure de vivre convenablement et ça leur suffisait ; sa génitrice n’avait pas besoin d’en faire autant néanmoins elle n’était jamais là. Etait-ce son absence qui l’avait conduit à se comporter de la sorte en grandissant ? Lui-même n’aurait guère pu le dire toutefois certainement qu’une partie de ce cela ne l’avait pas aidé à vouloir devenir quelqu’un de plus généreux et moins idiot. C’était sa façon d’attirer l’attention, sa façon d’être certain de ne pas décevoir et ce, même s’il faisait des choses qui ne lui plaisaient pas toujours. Ses pensées différaient souvent de ce qu’il rétorquait à haute voix, n’hésitant pas à juger intérieurement ces personnes qu’il songeait stupide. Tout était un jeu pour lui, vraiment… Du moins, c'était ce qu'il avait fini par se persuader.

Hors au final, les seuls souvenirs qu’il avait de cette époque avaient tous été conçu sur des mensonges. Personne n’avait jamais su qui il était réellement. Tout le monde gardait de lui l’image de cet adolescent au faux sourire et au masque d’arrogance. Il y avait ce dicton qui déclarait qu’il ne fallait jamais mentir car tôt ou tard, la vérité finissait toujours par être révélée. Et s’il se croyait doué dans cet art, il s’était trompé puisque la réalité l’avait vite rattrapé. Il avait suffi d’une fois pour qu’on s’aperçoive de sa supercherie, pour qu’on s’aperçoive que non la veille, il n’était pas avec ce garçon qu’il avait mentionné plus tôt afin de ne pas venir à la soirée karaoké. A cause du stress, il avait tenté de se justifier sans se rendre compte qu’il ne faisait que s’enfoncer de plus en plus. Au fil des jours, on avait cessé de le croire, on lui en voulait d’avoir joué d’eux, le critiquant lui et chacun de ses actes, lui reprochant de ne pas savoir qui il était vraiment puis on avait naturellement arrêté de lui adresser la parole.

Une période qui fut extrêmement dure pour le garçon qui après avoir été aussi populaire se retrouvait complètement seul. Il n’était plus à l’aise, plus en mesure de supporter les regards méprisants et accusateur de ses camarades de classe… Il avait conscience de ses erreurs, regrettant d’avoir agi de la sorte alors qu’il s’apercevait qu’en vérité, il avait apprécié chaque instant qu’il avait passé avec eux tous. Le manque avait commencé à s’installer sans qu’il n’essaie de se justifier puisque de toute manière, quoi qu’il puisse dire désormais, on ne le croirait plus.

Étudiant en silence, n’essayant plus de s’intégrer et les ignorant du mieux qu’il le pouvait, il n’avait rien dit non plus lorsqu’il quitta le lycée pour de bon sans aucune intention de revenir. Personne n’avait su où il était passé ni pour quelle raison il était soudainement parti. Si certains avaient regretté de ne pas avoir tenté de le comprendre, que pour eux également, le manque et l’absence commençait à se faire ressentir, d’autres songeaient que ce n’était pas plus mal ainsi, qu’il n’était qu’un lâche qui n’avait pas su prendre ses responsabilités puis qui s’était enfui. La vérité était toute autre : il déménageait. Son père avait été muté ailleurs, dans une ville côtière, plus petite mais tout aussi jolie et agréable à vivre. Evidemment que Jin Woo avait vu en cette opportunité comme un moyen de prendre un nouveau départ, oublier ses erreurs puis se reconstruire ailleurs cependant la vie en avait décidé autrement. Peut-être avait-ce été sa punition pour avoir mal agi jusqu’à présent, qui savait.

Un accident. Un malheureux accident qui avait failli lui coûter la vie et celle de son père. Arrivé à Mokpo, on les transporta en urgence à l’hôpital où ils furent pris en charge rapidement. Monsieur Im avait eu vraisemblablement plus de chances que lui, quelques côtes cassées ainsi que d’autres petites blessures superficielles mais rien de dramatique. Pour ce qui le concernait toutefois, c’était différent. S’il avait reçu de nombreux dommages, ce n’était en rien comparable au traumatisme qu’avait reçu sa tête. On l’avait soigné, on l’avait opéré malgré les risques que cela causait et la sentence était tombée. Il était vivant, capable de mener une vie plus ou moins normale, de marcher, rire et sourire, pleurer aussi cependant l’opération avait laissé en lui de lourdes séquelles. C’était prévisible, son père lui-même avait été prévenu des risques potentielles d’une telle intervention et le jeune homme n’y avait pas échappé. Il avait récupéré toute sa mémoire, à un détail près : il ne parvenait désormais plus à se souvenir des visages qu’il rencontrait, qu’il s’agisse de ceux d’inconnus ou ceux de ses proches. La prosopagnosie, voilà ce qui le touchait à présent. Une pathologie rare qui n’en vise que quelques-uns ; certains l’ont de naissance et d’autres, comme lui, l’obtiennent après un accident. Les médecins lui avaient rétorqué que, peut-être, avec du temps et de la rééducation, il finirait par récupérer la totalité de ses capacités seulement ce n’était jamais arrivé. Le choc de l’incident avait vraisemblablement été bien trop intense.

Au fil des années, il avait appris à vivre avec bien qu’il ne mentionnait jamais son problème et préférait le cacher volontairement, au risque de se prendre une gifle en pleine figure à cause de certains malentendus. Si une part de lui avait changé, il avait grandi en devenant une personne plus arrogante, plus superficielle et plus distante aussi. Lui qui cherchait la popularité auparavant s’avérait moins sociable avec les personnes qui l’entouraient, mentant quand ça l’arrangeait lui et non plus, pour faire plaisir aux autres. C’était sa façon de se protéger, de ne pas se blesser et de ne plus s’attirer de problèmes comme ça avait pu être le cas par le passé. Même s’il clamerait le contraire, dans le fond, il était certainement un garçon plus complexé qu’il n’en donnait l'impression, encore plus avec sa prosopagnosie qui l’handicapait sur de nombreux points. Aujourd’hui qu’on l’aime ou le déteste n’avait plus son importance… Il se contentait de profiter, faire ce qu’il lui plaisait et d’avancer autant qu’il le pouvait.

Mannequin était une profession qui lui collait à peau, lui qui inconsciemment cherchait toujours malgré tout à être le centre de l’attention et qu’on puisse le regarder, le reconnaître. L’un des seuls points d’honneur qu’on pouvait d’ailleurs lui donnait était assurément la passion qu’il avait pour son métier, il aimait ce qu’il faisait et ça se voyait. Un métier qui l’obligeait à voyager parfois, un métier qui fut la raison d’une idiotie de sa part alors qu’il avait dû se rendre à Las Vegas pour un shooting. Après une soirée bien alcoolisée, voilà qu’il s’était marié avec une inconnue… une inconnue que, s’il la croisait dans la rue, il ne réussirait jamais à mettre une identité sur son visage. Certes, un tel mariage n’était pas reconnu en Corée, cela n’avait rien d’officiel toutefois cela restait quelque chose qu’il était censé devoir se rappeler. Ne pas se souvenir de la tête de celle qui fut, pendant un jour, notre femme, c’était un problème. Jin Woo tentait de se convaincre en se disant que le monde serait bien trop petit pour la recroiser cependant il ne valait mieux pas défier le destin… On ne savait pas ce que l’avenir nous réserver. Jamais.